Louise-Hélène Lebrun, neurologue à la retraite, a marqué l’histoire médicale du Québec en se consacrant à la prise en charge des personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Sa carrière exceptionnelle et son engagement ont permis de révolutionner le traitement en phase aiguë au Québec, plaçant la province au sommet de l’expertise mondiale en réadaptation AVC.
Née dans une petite ville de 5000 habitants, Louise-Hélène a défendu son rêve de devenir médecin malgré les obstacles culturels de son époque. « Je suis un petit peu une bibitte rebelle », confie-t-elle avec un sourire. Contournant les frontières imposées aux femmes aspirant à la médecine, elle a intégré un séminaire de Joliette qui acceptait les femmes depuis peu. Cette expérience a façonné son parcours, faisant d’elle l’une des rares femmes à suivre des études de médecine à l’époque.
Sa détermination l’a conduite à l’Université de Montréal, où elle est entrée en médecine sur un pied d’égalité avec ses collègues masculins. Elle a dû surmonter des préjugés tenaces et a été la seule femme du séminaire des trois acceptés parmi trente candidats. Par la suite, elle a tracé son chemin vers la neurologie à l’Institut neurologique de l’Université McGill.
Au cours de sa carrière, Louise-Hélène Lebrun a constaté les difficultés rencontrées par les patients AVC. Face à ce constat et à l’absence de traitement à l’époque, elle s’est engagée à changer la donne. Elle a créé avec les neurologues canadiens le Canadian Stroke Network permettant de diffuser les connaissances et la recherche en AVC. Avec une équipe déterminée, elle a réussi à implanter le programme AVC = traitement en aiguë au Québec, une réalisation majeure qui a contribué à placer la province en avant-garde dans ce domaine.
Son parcours n’a pas été sans défis. Elle a dû affronter des collègues médecins sceptiques quant aux compétences des femmes dans le domaine médical. « Pour eux, [une femme en médecine] c’était soit une rebelle, soit une faible », explique-t-elle. Malgré ces obstacles, Louise-Hélène a persévéré, convaincue que la clé du succès réside dans le travail d’équipe et la collaboration.
Sa vision novatrice l’a poussée à briser les frontières entre les différents acteurs de la santé. Elle a plaidé pour une approche holistique de la réadaptation AVC, engageant infirmières, médecins et autres professionnels de la santé dans un travail collaboratif. Cette approche, bien que difficile à imposer au début, a été essentielle pour imposer le programme aux différents hôpitaux dont Villa Medica, qui a été le premier à accepter son programme de réadaptation qui consistait à prendre en charge un patient dans les moins de 10 jours après un AVC.
Louise-Hélène Lebrun insiste sur l’importance de l’estime de soi et du courage, soulignant que le genre n’a jamais été un obstacle dans son parcours. Pour elle, l’essentiel réside dans le développement de l’être humain, dans la valeur individuelle, et non dans les préjugés de genre.
Aujourd’hui, le Québec se positionne comme un joyau mondial dans le traitement de l’AVC. Son histoire reste une source d’inspiration pour les générations futures, rappelant que la persévérance et l’engagement peuvent changer le cours de l’histoire médicale.